INTRODUCTION
Réfléchir sur la voiture aujourd'hui, c'est replonger dans mon enfance, où déjà comme un enfant je fabriquais des voitures. De ce temps-là j'ai d'abord été ouvrier d'usine, regardant les grands frères du quartier plus expérimentés, à l'oeuvre: je redressais les barbelés que la fortune nous laissait, simples clôtures des maisons, à l'insu des propriétaires. Je découpais les caoutchoucs, devant servir à attacher les fers pour les assemblages. Puis d'observateur, simple apprenti, je suis devenu fabriquant et vendeur. Au quartier résidentiel de Marcory, l'enfant du Groupement Foncier(G.F.C.I.) arrivait à décrocher de grandes commandes. Parfois le véhicule que je conduisais pouvait plaire au fils d'un Européen qui me payait cash...Je repartais alors heureux. Ou bien lui-même m'expliquait ce qu'il voulait et je m'y attelais. Adolescent, je me suis épris des manèges: là aussi je conduisais vraiment, mais il fallait de l'argent que les parents ne nous donnaient pas toujours. Conduire une voiture, avoir une voiture, c'était d'abord un rêve de tout enfant: j'avais même fait une promesse à ma mère que si je commençais à travailler, je lui offrirais une petite voiture rouge. Promesse que je n'ai pas encore tenue.
Quand je suis entré dans la vie religieuse et après ma prise de soutane, les parents, qui n'étaient pas bien informés, ont pensé que le temps était venu pour moi de passer le permis de conduire. J'ai pu l'obtenir mais aucun grand frère et aucune grande soeur ne m'a fait confiance pour la conduite. Je me suis véritablement fait la main en paroisse, avec ma première voiture de fonction. C'est à partir de ce jour que mes frères et soeurs ont arrêté de me donner de l'argent de poche parce que j'étais devenu quelqu'un dans la vie.
1. AVOIR UNE VOITURE EN AFRIQUE, C'EST DEVENIR QUELQU'UN
L'Africain d'aujourd'hui pense qu'avoir une voiture c'est être quelqu'un d'important, quelqu'un qui a les moyens de se prendre en charges. En fait, ce sont pas tous ceux qui travaillent qui ont des véhicules. Au-delà du caractère possessif de l'être africain qui ne pense qu'à posséder, j'oserai(o.s.e.r.), ensuite, véritablement le vrai sens de la voiture(c'est l'énigme du titre que je dévoilerai alors en ce moment).
Entre l'insolence des cadres d'Angré qui prennent l'Express tous les matins pour se rendre à leur lieu de travail et l'apprenti Gbaka d'Anyama ou d'Abobo qui conduit son premier Gbaka ou son premier taxi, ou son premier wôrô-wôrô, en remplacement de son patron, il n'y a pratiquement aucune différence, sauf le même instinct de domination. Les premiers sont tellement orgueilleux et suffisants, qu'une fois dans l'Express, ces cadres se croient encore à la maison dans leur salon. Qaunt aux seconds nommés, c'est la même démesure: d'abord congénitalement attardés, ils font des accidents spectaculaires qui résument leur intelligence. La façon dont l'avant d'un Gbaka prend la route, lors d'un dépasement est l'expression même de leur attardement. Ils sont tout simplement inintelligents. Rustes à souhait, les coxers ne sont pas mieux: ils parlent par onomatopée et paraissent tout le temps comme des drogués. Au niveau de l'environnement, c'est la même catastrophe. Tous ces véhicules empestent comme ce n'est pas possible. Il n'existe aucune norme à la matière. Un de mes amis qui a fait un bilan de santé en Suisse s'est vu interroger sur sa relation à la cigarette. Il était non fumeur mais son coeur était tout noir par la faute de la pollution de l'air atmosphérique de son quartier.
Je quitte les cadres moyens et les petites gens pour aller plus haut: les en haut de en haut comme on les appelle ici. Ils se reconnaissent par leurs véhicules tout terrains, leurs vitres teintées et surtout par les sirènes et le cortège de garde de corps qui vous jettent hors de leur trajectoire: ils ne respectent pas les feux de la circulation. A Cocody où l'occasion m'est donné de les apercevoir souvent, ils ressemblent à des cercueils ambulants, tellement la couleur noire du véhicule s'ajoute au caractère lugubre du sinistre occupant. Comme un coup de vent, ils passent, montrant leur vacuité semblable à la fleur de champ, sans faire de bruit mais ils pensent que la route et le temps leur appartiennent. Au moment où les U.S.A. et l'Europe arrêtent la fabrication de ces véhicules pour celles qui privilégient la bio-thermie et thermo-électricité, nos frères nantis s'offrent les véhicules tous terrains et qui, en Europe et qui aux U.S.A. Si l'Américain qui a du dollard, préfère vendre sa Pajero ou sa Hammer ou autre pour s'acheter une petite voiture qui consomme moins de carburant, l'Africain n'a rien trouvé de mieux que de racheter ce cadeau empoisonné. Dans un avenir très proche tous ces véhicules seront marqués "à vendre" et l'Afrique, dejà poubelle de l'humanité deviendra le cimetière des voitures indésirables. Mais pourquoi un tel engouement pour ce genre de véhicule?
En plus du fait que l'Africain aime paraître, il y a une vérité qui ne trompe personne: nous n'avons plus de routes en bon état. Nous passons plus de temps à éviter les trous sur la route qu'à conduire. Souvent il nous est impossible de les éviter et nous tombons dedans, en priant pour ne pas tomber trop profond. Parfois, par temps de pluie ou par mauvaise électrification, nos amortisseurs ou autres joints de freins volent en éclats. Un ami me confiait un jour, qu'en rentrant chez lui, un soir de pluie, vers la P.I.S.A.M., il voyait que tous les véhicules qui le précédaient, à un endroit précis, ralentissaient et déviaient avant de reprendre la droite ligne. Trouvant cette déviation stupide, il décida de gagner du temps en allant plus vite, par le raccourci, mais grande fut sa désillusion. Un grand ravin l'attendait là. Et les dépenses et la récupération de la voiture... Il est à présent temps de revenir à notre seconde partie.
2. LE VRAI SENS DE LA VOITURE
J'ai souvenir d'un beau texte de Robert Littell, de son ouvrage Read America first en classe de 2è où l'auteur nous fit découvrir Henry Ford. Pour cet auteur, Ford est peut-être l'un des exemples les plus intéressants et les plus lointains, de ce que dans le monde, un homme puisse avoir une idée fixe qui ne le quitta jamais. Il y a longtemps que cette idée habita Ford. Il s'est dit un jour: "Je vais construire un véhicule pour le commun des hommes", car il est évident que ce sont seulement les riches qui peuvent se procurer un véhicule de son temps.
Henry Ford, ce fils de fermier qui devint l'une des plus grandes figures de l'industrie automobile, trnasforma, par les techniques de production de masse, la voiture, du jouet de l'homme riche, en une force sociale. En 1913, Ford institua le système du travail à la ligne. Les différentes pièces du véhicule continuaient leur chemin, la courroie de transmission passait devant les travailleurs qui n'avaient chacun à poser, la pièce qui lui revenait. Par cette méthode, le pris de base du fameux modèle T tomba de 950 dollards U.S à 360 dollards. Dans le même temps, Ford éleva les salaires journaliers de 2.40 dollards U.S à 5 dollards et réduisit les heures de travail de 9 à 8 . Le résultat fut que les masses devinrent elles aussi propriétaires de véhicules. En 1914, la production annuelle des véhicules s'éleva aux U.S.A à 569.000. EN 1929 il fut de 5.621.000. L'exemple de l'Usine Ford est une prophétie qui s'est parfaitement accomplie qui dit que pour bien prospérer dans la vie, il faut faire du bien et procurer de la joie à la multitude.
La voiture a été la plus belle invention de ce siècle. Elle le sera davantage si elle continue d'unir les hommes, de rapprocher les distances qui les sépare, de rassembler ce qui est dispersé. L'homme est un créateur, Dieu lui a donné la possibilité de l'imiter. En fabriquant la voiture, l'homme imite Dieu. Il lui faut de ce fait rendre grâce à Dieu, pour toutes ces générations jusqu'à aujourd'hui afin de réaliser les merveilles d'aujourd'hui. Mais pourquoi tant de méfiances autour de la voiture?
Une de mes connaissances qui habite les Deux Plateaux, m'a dit avoir peur de rendre visite à ses parents qui habitent Akromian-Bla, parce qu'il a peur d'être victime d'un braquage de voiture? Pourquoi tant d'isolence des Rebfondateurs(Rebellion+Refondateurs) dans leurs véhicules alors que nous sommes encore en guerre? Sirènes et cortèges de véhicules qui ne s'arrêtent à aucun feu de signalisation, et qui vous dégagent de la route.
Conduire une voiture, c'est avoir l'esprit toujours en prière, pour éviter de prononcer de gros mots. Philosopher au volant d'une voiture. Tout dépend de ce qu'on écoute au volant. Certaines radios étrangères par leurs commentaires et leurs spots publicitaires pourraient vous donner l'hypertension. Chaque véhicule, chaque route devrait êtreun sujet de méditation. Il y a l'égoïsme des chaffeurs sur les routes qui occupent la route si toute la chaussée leur appartenait. Souventefois, en voyant de personnes me dépasser, je me suis demander s'ils pensaient que leurs freins pouvaient un jour lâcher. Certaines routes, certains recoins de routes me rappelaient certaines pannes sèches de voiture, certains ennuis mécaniques...
CONCLUSION
Si je devais conclure cet article, j'aurais une pensée spéciale pour tous nos mécaniciens ou garagistes. Y-a-t-il une différence? Je pense que oui. La plupart de ces personnes sont des garagistes et non des mécaniciens. Les mécaniciens sont ceux qui ont étudier la mécanique et qui ne se contentent pas seulement de changer les pièces de votre véhicule. Mlle Gnagne Arlette est l'une d'entre elle. Elle a étudié la mécanique à Jacqueville. D'elle j'ai appris un jour que la voiture est comme un corps humain dont nous devons prendre soin. Au moindre bobo il faut voir votre mécanicien. N'attendons pas les grandes pannes, mais soyons attentifs au moindre toussotement de nos véhicules, au moindre rhume. Je termine donc par ce spot de Renault: "Je rêve d'un monde où l'automobile ne laisse aucune trace sur la planète".
Père AKE Patrice Jean, Philosophe
1 commentaire:
Olá, goût très du Blogue.
Excuse ne pas écrire plus, mais mon français n'est pas bon.
Une accolade depuis le Portugal
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