mardi 9 septembre 2008

L'ESPRIT Africain comme élan de la pensée vers la theoria/Le development of the African mind(spirit) on its way from ignorance to knowledge

SUMMARY

          In this first part, I'll try to explain how African mind(spirit) is knowledge(meditation). African people think that the whole nature is full of God. So the African haven't the same reaction like Europeans in front of Nature. African respect the laws of Nature. They transform Nature but not until its impoverishment. God supplies everybody's needs so they have no anguish, no distress. Someone speaks about the African's living in a carefree life. The main reason is that they are always in communion with God. Differents philosophers call this moment of life meditation, theory or knowledge.

INTRODUCTION

          Dans cette première partie, nous voulons montrer l'élan de la pensée africaine vers la theoria, c'est-à-dire la contemplation ou encore la recherche de la vérité de l'existence dans la Relation à l'Absolu. L'itinéraire de l'Inde et de Platon, de Plotin, de St Augustin, de Descartes et de Fichte est cette même montée vers la contemplation. Restrouvons-nous cela dans l'esprit africain?

L'IDEE DE CONTEMPLATION DE LA NATURE

          L'esprit est une réalité complexe, du point de vue ontologique. Si nous nous situons, du point de vue africain, une certaine continuité de la nature spirituelle unit l'âme humaine à Dieu. Car l'âme humaine préexiste en Dieu de toute éternité par son idée dans la pensée divine; cette Idée ou Image divine, d'après laquelle elle existe réellement, est déposée en son centre ou sommet. Pour trouver Dieu, il faut donc que l'âme rentre en elle-même par un mouvement d'introversion, de manière à rejoindre l'Image divine présente au plus profond d'elle-même. L'esprit est ainsi envisagé par l'Africain en relation avec son être idéal. En clair, l'esprit, en Afrique est la réalité la plus intime de l'âme. Pour parvenir à l'âme, le dedans de l'esprit est le chemin le plus court. L'esprit, disent les sages africains, est l'âme de votre âme.

         Avant d'aller plus loin dans notre propos, le terme contemplation me paraît important à définir. Dérivé de théoros, le terme désigne l'envoi d'ambassadeurs à une fête religieuse. Chez Démocrite, le terme désigne la vision d'un objet physique, par exemple les images. C'est avec Platon que theoria signifie la contemplation des idées(1), celle de l'être et du monde intelligible(2), ou encore celle du Beau(3)  . La contemplation est considérée par Platon comme l'activité propre du philosophe(4). Aristote considère la contemplation comme étant l'activité la plus noble de l'homme parce que divine(5). En effet, la theoria est l'activité fondamentale du premier moteur(6). Plotin a considérablement élargi le sens du terme. Pour lui, toutes les réalités vraies viennent de la contemplation(7) et c'est par celle-ci que se réalise l'unité de l'intelligence et de l'intelligible.(8)      

          L'Africain est quelqu'un qui est très observateur, d'abord de la vie courante. Il s'immerge dans son milieu, pratique les coutumes religieuses et morales, aux travaux champêtres et aux divertissements. Il est quelqu'un qui est très concret dans sa pensée. Si l'homme africain est composé d'une substance tangible et visible, le corps matériel, et d'un élément invisible, substance éthérée, forme adéquate du corps auquel il est uni et qu'il anime pendant la vie, et dont il se détache à la mort pour continuer dans l'au-delà, la notion d'esprit est très important pour lui. Il est spiritualiste.(Je préfère ce mot à animiste) car il reconnaît dans l'homme, un esprit distinct de la matière, un principe suprasensible, libre, responsable, et immortel. Ainsi, l'homme est au centre de la pensée de l'homme. il est au centre de la vision et de l'expérience. Mais cet homme-là n'est pas isolé et isolable de la nature. Pourquoi? parce qu'il contemple la nature.

          D'abord, en Afrique, la fin dernière de l'homme c'est Dieu. Les biens essentiels de l'homme(la nourriture, la femme, la vie) viennent de Dieu et retournent à Dieu. C'est pour cela que l'Africian ne semble pas du tout pressé. Une boutade d'un européen dit ceci: "En Afrique, quand le Bon Dieu fit le temps, il en fit beaucoup." Là où il y a la nourriture, la fécondité, et la longévité, Dieu est présent. C'est pour cela que le négro-africain a un sens très profond de la vie communautaire: rien ne s'arrête à sa personne. Dans ce cas, ce n'est pas l'homme qui est l'Absolu, c'est l'Un ou Diue lui-même, même si l'homme apparaît comme la valeur fondamentale, la valeur première, celle autour de laquelle gravitent tous les problèmes. Nous retouvons d'une part, un sentiment d'alliance de l'homme avec la terre, une sorte de communion avec la nature et un sentiment d'équilibre et d'harmonie, maintenu avec vigilance grâce à un ensemble de techniques et de rites compensateurs. L'homme africain est donc en accord avec l'ordre universel et l'ordre social.

          Quand, d'autre part, nous parlons de nature, nous devons plutôt dire nature-esprit, chez l'Africain. La nature, en tant qu'organique ou vivante en général, est déjà un sujet, c'est-à-dire un individu, un être indivis, identique à soi, qui a en lui-même une différence que, "devant nécessairement poser - elle est en lui donc le définit -, il doit pour autant nier, puisqu'elle est lui-même comme négatif de son identité fondamental."(9)

          On a souvent reproché à l'Afrique de ne pas transformer cette nature. Cest tout simplement parce que l'Africain est un contemplateur. Dans sa conception, la nature est sacrée. Elle le ramène à Dieu et rien ne peut être entrepris sans sa bénédiction. Dans la nature, il voit le Divin, il le contemple. Et Dieu lui permet de se comprendre et de le comprendre. L'esprit africain est donc éminemment en relation avec la nature. Quand la nature est souillée, l'homme est souillé. Il est un être-avec-la nature.

          L'esprit est comme de l'eau, me répète le sage Memel Harris Fôté. L'eau est la force qui unit tout. Elle engendre plantes et animaux. Elle devient verte dans le palmier, blanche dans le cocotier; elle s'adapte à la nature de ceux qui la reçoivent. En ce sens, com-prendre, c'est la même chose que l'esprit. L'esprit et communion, communion entre nous. Il est surtout jouissance, principe d'harmonie et de bien-être.

          Dans l'esprit africian, la nature est rapportée à Dieu. C'est la communion, la relation entre les hommes qui compte. La personne humaine est un-être-avec-les-autres. Comme le sait un proverbe adioukrou: "Ce qui fait la force du crocodile, c'est l'eau qui le porte". L'homme adioukrou qui a réussi soialement doit faire le rite de l'Agbandji, c'est-à-dire offrir un repas rituel à tout le village, en un mot partager ses richesses, sinon il n'est pas considéré comme un noble au vrai sens du mot. L'individu n'est plus enfermé sur lui-même, il est co-présence, essentiellement ouvert à autrui et au monde: les êtres africains, dans leur singularité sont liés par de mystérieux rapports. Ce sont ces rapports que nous expliciterons dans notre seconde partie.

Père AKE Patrice Jean

la-valorisation-de-lhomme-noir

A suivre...

____________________________________________________________

  1. Phèdre 65 e 2
  2. République VI 511 c 6
  3. Banquet 211 d 2-3
  4. Thééthète  173 c - 176 a
  5. Ethique à Nicomaque X, 7-9
  6. Métaphysique Λ 7, 1072 b 13 - 30
  7. Ennéades III, 7, 1-3
  8. Ennéades III, 7-8
  9. BOURGEOIS(Bernard).- Hegel. Les Actes de l'Esprit. (Paris, Vrin 2001), p. 15

Aucun commentaire: