lundi 11 avril 2011

VICTOIRE A LA PYRRHUS

VICTOIRE A LA PYRRHUS

Mon cher camarade, Laurent (et ma chère camarade Simone) !

Encore une fois, te voilà retourné en prison, ensemble. Cette lettre que je t’ écris, en cette heure très grave de la vie de notre jeune nation, tu ne la recevras peut-être jamais, et tu ne la liras peut-être jamais. N’étant ni un de tes militants, ni un jeune patriote mais, un homme de Dieu, qui t’a beaucoup lu et qui a épousé ton combat, je n’ai que ma prière, à t’offrir, et j’ai décidé de veiller avec toi, ce soir, de ton jeudi saint, à Gethsémani, avant ton martyr demain, en souvenir de ton ancêtre, le Diacre St Laurent.

Ce soir, mon cher Laurent, tu as été arrêté comme un malfaiteur, torturé, humilié, ridiculisé, trahi par les nombreux Judas de ton entourage immédiat et renié par les nombreux Pierre. Des zélotes ont essayé de te défendre, ils ont été, pour les uns égorgés, pour d’autres brûlés vifs ou fusillés et on t’accuse d’être Hitler, toi la victime, tu es devenu le bourreau. Gethsémani a sonné pour toi, au jardin du Golf Hôtel, ce soir tu es seul…mais avec la terre entière et Dieu est à tes côtés. Demain tu seras conduit à Pilate et il se lavera les mains…Tu seras condamné et on te préférera Barabbas. Tu as marché dignement vers la mort pour te livrer à eux. Personne ne t’a arrêté. Tu n’as pas cherché à fuir, comme on l’avait annoncé, en Mauritanie, en Angola, ou en Afrique du Sud ou même aux Etats-Unis.

Cette victoire à la Pyrrhus, la France l’a eue, avec peine et sueur : le doute a commencé à la gagner : ses hélicoptères tombaient les uns après les autres, et des Soldats français étaient tués à la régulière, au combat. La France qui a nié avoir participé au combat, brandit actuellement, son trophée. Mais elle a utilisé la même propagande qu’en Irak, inventant mensonges après mensonges : pseudo-bombardement de l’Ambassade du Japon, puis montage d’images pour l’exfiltration du diplomate japonais, pseudo-bombardement de la résidence de l’Ambassadeur de France, puis démenti, enfin, bombardement du Golf Hôtel, pour se faire elle-même hara-kiri. Tout cela, à l’arme lourde. Et le coupable, c’est Gbagbo. Comme autrefois, Saddam Hussein, pour les armes de destruction massive qui sont devenus selon Hans Blix des Armes introuvables (Fayard 2004).

Aujourd’hui, les Ivoiriens ont le droit de savoir, qu’ils ont été manipulés de bout en bout, dans cette crise par les Etats-Unis d’Amérique, ce sont eux, le Père de la Rébellion en Côte d’Ivoire. Par la France interposée, ils ont financé cette rébellion, et entretenu le flou dans cette guerre depuis le début. A présent que tous les masques sont en train de tomber, à propos de la crise actuelle en Côte d’Ivoire, commencée depuis le 18 Septembre 2002, qu’il me soit permis de relire l’essai du Prof. Mamadou Koulibaly, la guerre de la France contre la Côte d’Ivoire en l’intitulant autrement : la guerre des Etats-Unis contre la Côte d’Ivoire. Le gangster international d’Etat, selon Max Allan Collins, American Ganster se nomme Etats-Unis d’Amérique. Ensuite, il faudrait écrire comment les Etats-Unis ont organisé la rébellion en Côte d’Ivoire. Tout ceci s’explique par un mot magique, la communauté internationale derrière laquelle se cachent les Etats-Unis. Par communauté internationale, j’entends, « les acteurs intervenant sur la scène internationale »(Sous le Dir. D’Olivier Nay, Lexique de science politique. Vie et institutions politique, Paris, Dalloz 2008, p. 78) Il s’agit d’un terme imprécis, entré dans le langage commun, auquel recourent les dirigeants politiques et les journalistes.

Selon les contextes et les locuteurs, la communauté internationale renvoie à l’ensemble des Etats membres des Nations Unies, tantôt à la diversité des acteurs publics et privés présents sur la scène internationale. Dans d’autres contextes, il désigne simplement les membres du G8, ou bien, et c’est encore plus vague – l’ensemble des pays développés. A d’autres moments, il permet d’évoquer, de manière plus restrictive encore, le Conseil de sécurité de l’ONU, voire les seuls membres permanents.

Autant dire que l’emploi de ce mot « joker » revêt un certain intérêt diplomatique – notamment dans les négociations – car son caractère très approximatif permet de concilier les points de vue divergents et d’atteindre ainsi plus facilement des positions de compromis. Néanmoins, si cette inconsistance conceptuelle joue bien comme un atout politique, elle rélève en revanche du vide épistémologique et heuristique. A ce titre, cette expression ne saurait être mobilisée au plan scientifique.

D’une manière générale, la notion apparaît éminemment idéologique, car elle postule l’existence d’une entité homogène, solidaire, unie par les mêmes intérêts, les mêmes valeurs et recourant aux mêmes pratiques. Or la politique internationale se caractérise bien au contraire par de nombreux clivages (Nord/Sud, Sud/Sud, Etats de Droit/régimes autoritaires, etc…), d’importantes disparités et une grande hétérogénéité des acteurs qui disposent chacun de répertoires d’action, de représentations et d’intérêts spécifiques, mettant ainsi en œuvre des diplomaties très différentes.

Dans cette communauté internationale, je voudrais m’intéresser au cas particulier des Etats-Unis. Cette guerre que veulent nous imposer les Etats-Unis, est liée au pétrole. Car selon Michel Bugnon-Mordant, le golfe de Guinée attire, lui aussi, les stratèges américains. (Etats-Unis, la manipulation planétaire, Lausanne, Favre, 2003, p. 260). Le but de cette guerre est clair : 25% des importations américaines de pétrole devront provenir de cette région en 2015, contre 15% en 2001. La Côte d’Ivoire, la Guinée, mais aussi le Nigéria, le Gabon et l’Angola sont donc dans la ligne de mire d’une prochaine mainmise de Washington sur la région car le Président Gbagbo ne se montre pas suffisamment coopératif. Le coup d’Etat de Septembre 2002 a été mis au point, selon notre auteur, par une influence étrangère (Etats-Unis, Grande Bretagne, France) (p.260). Il s’agit, selon notre auteur, d’un atout décisif aux pétroliers américains, face à une concurrence rude. Ainsi les Ivoiriens sont en danger devant ce péril potentiel grave que constituent, les Etats-Unis d’Amérique.

C’est le même argument que développent Jean-Pierre Favennec et Philippe Copinschi quand ils écrivent les nouveaux enjeux pétroliers en Afrique. Selon eux, l’Afrique est un fournisseur des Etats-Unis en matière de pétrole et un acteur clé (Politique africaine n°89, la Côte d’ivoire en guerre. Dynamiques du dedans, dynamiques du dehors, Karthala, 2003, p. 131). Pour nos auteurs, c’est dans les années 1960 et 1970 que la région du Golfe de Guinée a intégré le paysage pétrolier mondial. Certes, les réserves y restent limitées à l’échelle globale : avec 3,1% des réserves mondiales et 5,3% de la production, l’Afrique subsaharienne n’est pas un continent majeur pour les réserves et la production de pétrole et de gaz. Mais, depuis la fin des années 1980, le Golfe de Guinée est devenu l’une des destinations favorites des investisseurs pétroliers internationaux et la production y est en forte croissance : le pétrole – bien qu’en offshore – est relativement facile à produire et il est de bonne qualité. La région est en outre bien située par rapport aux marchés consommateurs d’Europe et des Etats Unis.

La mise en exploitation d’un gisement de pétrole et de gaz naturel permettra dorénavant de réduire considérablement le coût de l’énergie en Côte d’Ivoire dès 1995. La production d’énergie connaîtra une croissance de 7,51% en 1995 après une hausse de 4,5% en 1994. La Côte d’Ivoire a assuré aujourd’hui son autonomie énergétique et alimente la sous-région en énergie électrique, en pétrole raffiné et en gaz butane. La production nationale en pétrole permet de réduire significativement les importations de pétrole brut et réalise une économie d’environ 12 milliards par an. Concernant la production des hydrocarbures, les importantes découvertes de gisements pétroliers et gaziers permettent à la Côte d’Ivoire de produire environ 40.000 barils par jour pour le pétrole et 3 millions de mètres cubes par jour pour le gaz. L’extraction du gaz des gisements Panthère et Lion, et l’exploitation des différents champs pétroliers et gaziers tels que Espoir, Bélier, Fox-trot, permettent d’augmenter substantiellement la production d’énergie électrique à partir des centrales thermiques à gaz et de baisser à terme les coûts de production de l’énergie électrique. Comment le pétrole ivoirien déchaîne les passions américaines et européennes ?

Les Etats-Unis, aux dires de Bugnon-Mordant, apparaissent de plus en plus comme un facteur de désordre international, entretenant, là où ils peuvent, l’incertitude et le conflit. (p. 7). Ils sont militaristes, oppressifs et faussement libéraux. (p. 7). La volonté de dominer la planète est inscrite dans le patrimoine génétique américain. (p. 8). Dans ce djihad américain, les élections du 28 Novembre 2010, en Côte d’Ivoire, sont une véritable aubaine pour le Président Obama. La suite, vous la savez.

Je vais devoir m’arrêter, à présent, pour prier, et confier à Dieu, le Président Gbagbo et son épouse. Il y avait un film qui avait pour titre, The Dead Man Walking. On l’avait traduit en français, par « la dernière marche ». Je trouvais la traduction mauvaise et ai proposé : « la dernière marche de celui qui va mourir ». Gbagbo est en train de marcher vers sa mort. Je me réjouis déjà, car il est déjà en train de ressusciter en nous, dans nos cœurs, dans nos vies. Il a eu une vie réussie, au sens où le définit Luc Ferry. C’est un moment nietzschéen : une vie réussie, comme vie la plus « intense » !

Père AKE Patrice Jean

Curé de St jacques des 2 Plateaux Abidjan

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